La recherche et l’innovation

Les trajectoires de la biodiversité pour la durabilité au Canada

Notre projet, Les trajectoires de la biodiversité pour la durabilité au Canada (BPSC), se penche sur une décennie de connaissances en matière de conservation au Canada afin d’éclairer le développement de trajectoires potentielles vers la réalisation des engagements mondiaux du Canada en matière de biodiversité pour l’après-2020. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative mondiale de Future Earth, Science-Based Pathways for Sustainability.

Au cours de la dernière décennie, des progrès considérables ont été réalisés en matière de conservation de la biodiversité au Canada, notamment grâce à l’extension des zones protégées afin d’atteindre l’objectif d’Aichi pour la biodiversité, qui consiste à conserver 10 % des zones côtières et marines d’ici à 2020. Cependant, la perte de biodiversité continue de s’accélérer dans tout le pays, sous l’effet de facteurs complexes et interdépendants tels que les activités humaines extractives généralisées, le changement climatique régional et d’autres facteurs encore. 

Alors que le monde s’oriente vers un cadre mondial pour la biodiversité après 2020 pour succéder aux objectifs d’Aichi, il est essentiel d’examiner comment le Canada peut lutter contre la perte de biodiversité au niveau national et où se trouvent les plus grandes opportunités pour tirer parti de la valeur de notre riche patrimoine naturel pour un avenir mondial durable.

Report cover for Integrated Biodiversity Pathways for Sustainability in Canada. Background: green illustrated trees.

Télécharger le PDF : BPSC Evidence Brief

Citer comme suit: Future Earth, & Sustainability in the Digital Age. (2021). Integrated Biodiversity Pathways for Sustainability in Canada. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.5784589

Dans le cadre de la 13e Conférence sur la politique scientifique canadienne, le 25 novembre 2021, une discussion a eu lieu sur le rapport suivant intitulé Les trajectoires de la biodiversité pour la durabilité au Canada. Vous pouvez visionner l’intégralité du webinaire ici :

Principaux éléments à retenir

  1. Le Canada doit assumer sa responsabilité globale en matière de gestion des écosystèmes et de conservation de la biodiversité au profit de la société mondiale. Notre contribution aux valeurs écosystémiques mondiales est l’une des plus importantes, surtout si l’on considère l’étendue massive, mais en déclin, des écosystèmes intacts dans le Nord. Les politiques mises en œuvre au Canada peuvent profondément influencer les résultats de la conservation à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières.
  2. Les politiques du Canada en matière de commerce international doivent être prises en compte dans la gestion des écosystèmes nationaux. Outre les principales pressions exercées sur la biodiversité, telles que le changement climatique et la modification des habitats, les exportations du Canada vers d’autres pays et la consommation d’importations en provenance de ces derniers peuvent entraîner une perte de biodiversité au-delà de nos frontières.
  3. La dégradation de la biodiversité s’est produite parallèlement à la colonisation du Canada et à la perturbation des systèmes de gouvernance autochtones qui géraient les écosystèmes du « Canada » depuis des millénaires. Les droits à l’autodétermination des communautés autochtones et locales doivent être respectés et protégés sans équivoque.
  4. Les lois et les plans stratégiques provinciaux et territoriaux intègrent souvent la conservation de la biodiversité dans d’autres politiques, sans mécanismes de suivi explicites, sans mesures du succès de la conservation et sans réglementations claires. Une collaboration étroite entre les différents niveaux de gouvernement est nécessaire pour garantir que le soutien politique et les ressources correspondantes sont alignés.
  5. Les connaissances et les pratiques autochtones jouent un rôle essentiel dans le changement de valeur et la conservation au Canada. La relation entre les activités autochtones et la biodiversité n’est pas suffisamment étudiée et le public n’est pas suffisamment sensibilisé. La conservation au Canada nécessite une compréhension et une reconnaissance totales de la gouvernance et des pratiques sages autochtones.
  6. La plupart des données sur l’état et les tendances de la biodiversité au Canada restent fragmentées et dispersées dans les institutions et les bibliothèques. La richesse des informations cachées dans les ensembles de données non structurées sur la biodiversité n’a pas été traduite de manière efficace dans la prise de décision. Les technologies numériques ont le potentiel de combler certaines de ces lacunes.
  7. La recherche sur la biodiversité au niveau des espèces reste prépondérante au Canada par rapport aux études menées à d’autres niveaux (diversité génétique, écosystémique, fonctionnelle et bioculturelle, par exemple), qui sont tout aussi importantes. Cette structure déséquilibrée des connaissances sur les différents niveaux de la biodiversité peut induire en erreur les politiques de conservation et appelle à la prudence.
  8. L’adéquation entre les pressions exercées sur la biodiversité à différentes échelles et les contre-mesures correspondantes pour les différentes parties prenantes est complexe et obscure, ce qui rend difficile l’identification de solutions systémiques. Les sciences sociales et la science citoyenne peuvent aider à identifier les barrières sociales et à éclairer la transformation du système.
  9. Les obstacles culturels et philosophiques au développement de trajectoires intégrées de conservation de la biodiversité persistent. L’apprentissage incorporé et d’autres perturbations innovantes menées par les détenteurs de savoirs autochtones peuvent favoriser la transformation des valeurs et la formation de normes sociales, qui sont nécessaires à la transformation verte.

Implications politiques

  1. Renforcer la recherche et accroître l’attention politique pour traiter les impacts de la consommation sur la perte de biodiversité. Recadrer un modèle de consommation vertueux grâce à la comptabilité environnementale et au marketing social.
  2. Décoloniser les cadres de conservation en reconnaissant les droits et le leadership des Peuples Autochtones en matière de biodiversité et de conservation. Fournir l’espace et les ressources nécessaires pour tisser des liens entre les différents systèmes de connaissances, notamment en renforçant la sensibilisation et le respect des pratiques sages et des langues autochtones.
  3. Encourager la recherche interdisciplinaire et le renforcement des capacités afin d’identifier, de clarifier et de communiquer les valeurs socio-économiques, culturelles et spirituelles de la biodiversité. Transformer les modèles de développement dominants par des approches bioculturelles et de conservation axées sur les valeurs. Adopter des outils et des mécanismes novateurs pour modifier les comportements aux niveaux communautaire et individuel.
  4. Améliorer la réglementation et les cadres juridiques afin de renforcer la transparence dans la capacité de surveillance et la responsabilité des industries extractives. Développer des bases de données d’inventaire de haute qualité pour la biodiversité à plusieurs échelles. Appliquer des indicateurs normalisés pour soutenir l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.
  5. Utiliser des leviers économiques efficaces pour moderniser les industries extractives/polluantes. Réorienter et accroître les investissements publics et privés en faveur des écosystèmes et de la biodiversité. Découvrir les incitations financières pour le bien-être à long terme de la nature et de la société.
  6. Faciliter la collaboration à grande échelle sur la conservation de la biodiversité et le développement durable. Maintenir un réseau multipartenaires pour la sensibilisation à l’environnement et les actions coordonnées avec le soutien de travailleurs des médias, d’activistes sociaux, d’experts numériques et d’autres.

Comité consultatif d’experts

Dr Andrew Gonzalez
Professeur, Université McGill | Co-Président, GEO BON

Dre Ciara Raudsepp-Hearne
Directrice, Canada Key Biodiversity Areas, WCS Canada

Dre Sylvia Wood
Directrice, Recherche et Développement, Habitat

Dr François Soulard
Directeur de recherche, Recensement de l’environnement, Statistique Canada

Professeure Danika Billie Littlechild L.L.B., L.L.M
Coprésidente, Cercle d’experts autochtones | Professeure adjointe, Université Carleton

Avec le soutien de

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Ce projet s’appuie sur des recherches financées par le Conseil de recherches en sciences humaines.

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